Faut- il décentraliser la politique de santé en Algérie ?
Aujourd’hui, la gestion centralisée des affaires de l’état dans tous les secteurs de la vie n’existe dans aucun pays développé. L’Etat central qui planifie et décide à lui seul, en attribuant un rôle marginal aux autorités locales, se trompe lourdement de méthode. Vu la complexité de la vie moderne, une telle alternative n’est plus disponible. Les pays qui réalisent des progrès trouvent le juste équilibre entre les pouvoirs centraux, régionaux et locaux.
La décentralisation peut en effet concerner, à des degrés divers, plusieurs composantes de la politique de santé parmi lesquelles on peut distinguer : la définition des politiques de santé et l’édiction des normes générales, l’organisation et la gestion des services de soins (prestations directes ou relations avec des prestataires), ainsi que la responsabilité du financement du système de soins.
Mais la décentralisation des politiques de santé n’a pas le même sens selon les contextes politiques. Dans certains pays, elle est la conséquence d’un mouvement plus général d’affirmation de l’autonomie régionale ; elle est alors un des points d’application d’une dynamique politique globale.
Parmi ceux qui demandant la décentralisation de la gestion de la santé en Algérie, une majorité considèrent qu’il s’agit d’une question fonctionnelle plus qu’un enjeu politique : c’est-à-dire comment aboutir aux meilleurs résultats en termes de santé, en attribuant plus de prérogatives à des autorités locales.
Et cela à partir des conclusions qu’ont eu les experts en la matière, qui insistent sur une réalité, à savoir que la santé des individus et de la population dans une société donnée est façonnée par son environnement physique, organisationnel, économique et culturel, par le patrimoine génétique, par les conditions de vie et la structure sociale qui prévalent ; mais aussi par la capacité du système de soins à diagnostiquer, prévenir, traiter les problèmes de santé et pallier les problèmes chroniques
L’environnement physique du sud algérien n’a pas les mêmes caractéristiques qu’au niveau des régions du nord, ce qui rend compte des échecs répétés des différents projets et programmes sanitaires destinés aux populations des villes du sud.
L’accès aux soins reste difficile pour de nombreux citoyens à travers les wilayas de sud qui vivent un cauchemar au moment où ils se rendent dans une structure hospitalière à cause du manque de matériel et de médecins. Les carences en matière de gestion et de communication n’en sont pas les seules causes.
L’éloignement et les longues distances que doit parcourir le malade pour trouver une structure convenable, qui peut prendre en charge ses problèmes de sante, constitue une charge supplémentaire et aggrave la situation dans laquelle se retrouvent déjà les malades et leurs familles.
Sans oublier les conditions de la vie dans les villes de sud, qui poussent les médecins à s’installer dans des villes du nord ou il y a toutes les commodités d’une vie décente pour eux et leurs familles: bonnes écoles, structures de loisirs terrains de jeux…etc
Les politiques et les pratiques sont décidés au niveau central, mais ce sont les responsables et les élus locaux qui font face à la furie des citoyens. Ils ont peu d’autorité, mais au regard des citoyens beaucoup de responsabilité.
La décentralisation peut être un des remèdes aux maux qui rongent notre système de sante archaïque, avec une planification souvent aléatoire, conçu sur demande ainsi qu’une maitrise et une régulation modestes.
Les institutions chargées de la prise en charge de la sante des citoyens sont dépourvues de dynamique d’organisation modernes, en plus du manque en matière d’expérience et de capacités pour accomplir les missions fondamentales d’un système de sante à savoir : l’évaluation précise et la prospection des besoins de la population en matière de santé, le suivi de l’impact des progrès techniques et médicaux, et une réglementation appropriée pour les professionnels de la santé et les prestataires de services, ainsi que la lutte sans merci contre la corruption, l’abus et le gaspillage des ressources financières.
La proximité peut conférer une plus grande légitimité à des décisions difficiles. La décentralisation peut être, dans une perspective politique, valorisée comme favorisant la démocratie en matière sanitaire. La « proximité » de la décision renforcerait la participation des citoyens à la définition des choix en matière de santé.
Les revers de la décentralisation
La décentralisation censée favoriser l’efficience par la proximité a aussi ses revers : duplication des structures administratives, déséconomies d’échelle liées à une taille réduite, problèmes de cohérence du fait de la multiplicité des centres de décision, insuffisance des capacités managériales des autorités élues localement.
La décentralisation favorise la démocratie si la vie publique et le réseau des institutions civiques sont plus riches et actives aussi bien au niveau décentralisé que national. Mais notre pays souffre d’un manque flagrant de démocratie et de moralisation de la vie publique.
Dans ce cas, la décentralisation peut constituer un appauvrissement de la démocratie : moindre visibilité des questions et des enjeux. Moindre mise en débat des décisions. Captation par des notables.